lundi 28 février 2011

Ayacucho - Huamanga, capital del Arte Popular y de la Artesanía del Perú

Après avoir quitté le centre d'Ica en touk-touk, nous rejoignons en bus la commune de San Clemente, au croisement de la Panaméricaine et de la route pour Ayacucho. Malgré la dure saison des pluies qui frappe les montagnes péruviennes, nous décidons de retourner dans les terres et d'aller tenter notre chance sur les hauteurs. Nous partons en stop pour rejoindre Ayacucho, à quelques 8 heures de route, après avoir franchit plusieurs cols à plus de 4000 mètres. Malheureusement, nous serons retenus à quelques dizaines de kilomètres de l'arrivée par un énorme glissement de terrain. Un mur de plus de 3 mètres de haut et 10 de large nous barre le passage. Qu'à cela ne tienne, nous nous tassons dans le pick-up pendant que nos sacs prennent la pluie à l'arrière, et prenons notre mal en patience. En cette saison pluvieuse, les services de déblaiement sont rapidement sur place d'autant plus que cette année, il y beaucoup plus d'eau et donc de glissements de terrain que d'habitude, et il ne nous faudra attendre que 5 heures que la pelleteuse nous libère. Lorsque la police péruvienne arrive enfin à organiser le traffic, ce n'est que pour nous faire avancer de 500 mètres, où une autre coulée de terre bloque là aussi le passage... Cette fois-ci l'attente sera moins longue, les ouvriers étant déjà au travail, et nous finissons par rallier Ayacucho en plein milieu de la nuit, vers 3 heures du matin. Notre chauffeur nous dépose dans un quartier désert et nous demande de le payer pour le trajet. Dépités, nous ne lui cédons que la moitié de ce qu'il nous réclame et nous retrouvons alors sur le carreau. Perdus en pleine nuit, sous la pluie, dans une ville déserte où nous n'avons aucun point de chute !
L'hospitalité des latino-américains fera encore ses preuves puisque nous serons immédiatement accueillis par une habitante de la ville, qui a elle aussi effectué une partie du trajet avec notre chauffeur peu scrupuleux. Elle nous ramène chez elle et nous fait une petite place dans une chambre inutilisée, le confort est sommaire mais nous lui serons à jamais reconnaissants de nous avoir ouvert les portes de sa maison. Reposés et requinqués, nous quittons notre abri au petit matin afin de chercher un endroit où s'installer quelques jours pour découvrir la ville.
Encore peu fréquentée par les touristes, Ayacucho est connue comme la ville aux 37 églises, elle a gardé tout son charme et l'accueil chaleureux que nous réserve ses habitants est surprenant. Nous y rencontrerons un patron de restaurant souriant, parlant couramment le français. Très sympathique, il avoue sans s'en cacher avoir apprit notre langue en prison, où il a séjourné à cause de ses idées politiques. Nous le retrouvons presque tous les jours pour discuter, et ce sera pour nous l'occasion d'en apprendre un peu plus sur un mouvement considéré comme terroriste, le "Sentier Lumineux".
Organisation Maoïste fondée à la fin des années 60 par Abimael Guzmán, qui est alors professeur de philosophie à l'université d'Ayacucho, elle prend vite de l'ampleur dans les milieux étudiants. Au débuts des années 80, le mouvement lance une insurrection armée et la guerre s'étend alors tout au long de la décennie. Qu'ils soient imputés au Sentier Lumineux, à leurs "ennemis" du mouvement révolutionnaire Tupac Amaru ou au gouvernement péruvien, les massacres présentent un bilan très lourd : plus de 26 000 morts, 4 000 disparus, 50 000 orphelins et 170 000 déplacés. Et ce n'est qu'en 92, avec la capture du leader Abimael Guzman, que l'organisation se divise et s'effondre. Aujourd'hui, Guzman est toujours prisonnier et le mouvement armé n'est plus, mais il subsiste toujours une cellule politique qui tente de se faire une place, notamment en cette période d'elections, bien qu'elle soit considérée inéligible par le pouvoir en place et donc interdite. Les dirigeants du parti réclament une "amnistie totale", qui viserait à faire table rase du passé, que ce soit pour les anciens du senderos ou pour les militaires ayant commis des exactions, mais à l'heure qu'il est tout le monde se renvoie la faute et personne ne veut vraiment reconnaître ses torts dans la guerre interne qui a touché le pays.
Heureusement, Ayacucho n'est pas connue que pour son passé terroriste car la ville fut la capitale du dernier empire pré-incaïque, la civilisation Wari, avant de devenir le berceau de l'indépendance péruvienne. En effet, c'est sur ces terres que se déroula la bataille qui libéra le Pérou du joug de la couronne espagnole, le 9 septembre 1824. Tous les ans, une grande commémoration a lieu sur le site de la Pampa de Quinua. Il s'y dresse un immense obélisque blanc, symbole de la ville, visible à des kilomètres.
Les alentours quant à eux regorgent de sites magnifiques, peu ou pas connus même par les locaux. Et c'est guidés par Christoph et Tessa, deux parapentistes belges installés dans la région, que nous partons à la découverte de l'étonnant site du Bosque de Piedras. Le temps ne nous permettant pas de voler, la journée étant tout de même trop belle pour ne rien faire, nous faisons une belle ballade au milieu de la forêt de pierres, un labyrinthe de gros blocs aux faces toutes lisses. On a l'impression de se retrouver au milieu de ce jeu qui consiste à empiler des bûchettes les unes sur les autres ! Le paysage est surréaliste, et nous croisons même quelques lamas et alpacas peu farouches qui viennent compléter le tableau. Nous faisons ensuite le tour d'un lac à 4000 mètres d'altitude, avant de redescendre au milieu des marécages, dans lesquels nous retrouvons Christoph, recouvert de boue, mais qui a finalement réussi à désembourber le 4x4.



jeudi 24 février 2011

La región de Ica

Après s'être posés une semaine à Lima, nous voilà repartis vers le sud en direction de Pisco. Réputé dans le milieu parapentiste pour survoler "la cathédrale", une arche de pierre située dans la réserve de Paracas, nous apprenons par des bénévoles de Pisco sin fronteras rencontrés à Lima que la région a subit deux violents séismes. Le premier en août 2007 à détruit plus de 80% des habitations et tué plus de 600 personnes à Pisco, le second en février 2010 de magnitude 8,8 et dont l'épicentre était situé en plein Pacifique. Effectivement, nous sommes surpris de l'ampleur des dégâts dès notre arrivée. On trouve encore beaucoup de gravats dans les rues et autour de la ville, et de nombreux bâtiments sont en ruine dont l'église, c'est pourquoi la messe se déroule désormais sous une bâche. Mais malgré les difficultés, nous sommes impressionnés par la faculté d'adaptation développée par les habitants de la zone. Tout a beau être sinistré, et bien qu'ils n'aient pas l'air de recevoir beaucoup d'aide, la vie continue et chacun semble trouver un moyen de s'en sortir. Les gens sont même plutôt souriants, les séquelles du désastre ne sont visibles que sur les infrastructures.
Nous allons également faire un tour du côté de Paracas, à quelques kilomètres seulement de Pisco. Nous faisons le trajet en combi, minibus qui fait office de transport en commun au Pérou, dont les plus doués parviennent à charger plus de 20 passagers ! Tout au long du chemin, nous découvrons les tas de gravats qui ont été évacués des villes. Les seuls bâtiments parfaitement reconstruits sont de grosses usines, dont certaines appartenant à de grosses multinationales. À l'arrivée, nous sommes choqués de voir que Paracas, petite station balnéaire pour touristes, a été reconstruite à neuf à quelques mètres seulement d'anciens hôtels et restaurants délabrés. Nous pensions voler dans cet endroit mythique en bord de mer, survoler les falaises abruptes et notamment la fameuse cathédrale, mais non seulement les conditions météo ne sont pas très favorables, nous apprenons en plus que l'arche qui formait la cathédrale au-dessus de la mer a elle aussi été détruite lors du séisme... La région est réellement sinistrée tant au point de vue humain et matériel que naturel. Le travail de Pisco sin fronteras est donc indispensable pour les habitants qui voient en cette association une réelle aide pour la reconstruction.
Nous quittons Pisco le cœur un peu gros, mais rassurés par la gaieté qu'il ressort de ses habitants. Une famille de Lima nous prend en stop jusqu'à Ica, un peu plus à l'intérieur des terres, ville perdue au milieu d'un immense champ de dunes qui n'a rien à envier au Sahara. Là encore, on s'aperçoit que la ville garde des séquelles du séisme bien qu'ici les secousses se sont un peu moins fait ressentir. De nombreux bâtiments dont quelques églises sont sur le point de s'effondrer. Pourtant ici aussi la vie continue, la bonne ambiance reigne et nous en profitons pour aller l'oasis de Huacachina. À une dizaine de minutes du centre-ville seulement, on se retrouve perdus au milieu de dunes qui font passer la dune du Pyla pour un petit tas de sable. On arrive dans une oasis verdoyante, un lac sur lequel flottent des pédalos entouré par des palmiers et quelques hostals et restaurants. Des activités comme le sandboard ou le tour en buggie sont proposées aux touristes, nous préférons pour notre part partir à pied dans le désert, sous un soleil de plomb et dans un sable brûlant, avec dans l'idée de faire un peu de soaring sur les dunes. Manque de chance, le vent est trop fort et trop rafaleux pour sortir les voiles. Nous continuons tout de même notre ballade dans le désert en nous prenant pour Lawrence d'Arabie, presque seuls au monde s'il n'y avait pas au loin des petits points noirs qui se meuvent bruyamment, les buggies pollueurs.
Même si nous aurions aimé rester un peu plus longtemps dans la région, même si nous aurions voulu d'une manière ou d'une autre donner un coup de main aux habitants, nous manquons de temps et d'argent et nous devons déjà repartir et retourner dans les montagnes.



lundi 21 février 2011

Lima, ciudad de los Reyes

Retour vers le soleil et la côte Pacifique, et nous voici à Lima, capitale péruvienne. Comme tout au long de la côte, Lima est elle aussi située en plein milieu du désert et nous ne sommes pas mécontents de retrouver le beau temps et la chaleur. Nous nous installons dans une auberge de jeunesse pas chère et où règne une bonne ambiance, dans le quartier de Miraflores, à dix minutes à pied du site de vol.
Nos premiers jours à Lima ne nous permettent pas de voler, à cause du brouillard qui ne semble pas vouloir se dissiper, mais nous rencontrons plein de parapentistes sympas dont Jorge et Eduardo, qui nous donnent de bons conseils sur la ville et sur les sites de vols du Pérou, ainsi qu'un couple de canadiens avec qui nous nous entrainons au "parawaiting". Nous passons nos après-midi avec eux dans le parc à attendre que les conditions s'améliorent, à grimper dans les palmiers pour récupérer des ballons, à manger des glaces et boire des jus de fruits frais !
Bien que l'attente ne soit pas si désagréable, nous avons vraiment très envie de voler et partons un matin avec Soren, biplaceur danois, et ses passagers à Pachacamac, à une quarantaine de minutes de route depuis Miraflores. Seul site de vol "montagne" du coin, le déco se situe sur les pentes rocheuses et poussiéreuses d'un sommet de quelques centaines de mètres d'altitude. Contrairement à Miraflores, ce site présente de puissants thermiques en plus d'un bon dynamique, et nous volons presque une heure au-dessus du désert avec vue sur le Pacifique, tandis que Soren effectue ses deux rotations. Nous partons ensuite nous poser en même temps que lui, et ne parvenons pas à plier assez vite pour éviter le changement de couleur de nos voiles qui subissent les rafales de poussière à l'atterro.
Le lendemain, les conditions sont enfin réunies pour voler à Lima. Un gros dynamique se met en place le long de la falaise, et nous volons en soaring pendant des heures entre l'océan et les immeubles. Le vent est tellement fort et régulier qu'il n'y a rien à faire pour prendre de l'altitude, le vol serait presque ennuyeux si l'on ne volait pas le long de la ville et des immeubles, à regarder notre reflet dans les vitres du grand hôtel Marriott. Mais au bout d'un moment le vent de sud commence à rentrer très fort, tous les parapentistes en l'air se font contrer et plusieurs ne parviennent pas à revenir se poser au déco, dont Lily qui ira poser sur une zone herbeuse à côté de la mer.
Les jours suivants ne seront à nouveau pas volables, nous en profitons donc pour visiter la ville. Savant mélange de neuf et d'ancien, on trouve à Lima des quartiers très modernes comme celui où nous sommes, un centre historique à l'architecture coloniale très colorée et même des ruines précolombiennes coincées entre les immeubles. Nous nous étonnons encore une fois de voir à quel point les bâtiments sont bien préservés et les grandes places bien entretenues, on y croisera même une calèche, c'est presque un voyage dans le temps...
L'attente que nous inflige la météo est aussi l'occasion pour nous de faire le point. Voici maintenant trois mois que nous sommes sans domicile fixe, trois mois que nous nous privons de fromage et de charcuterie, et nous avons déjà effectué la moitié de notre trip. N'étant pas parvenu à boucler notre budget avant de partir, l'envoi des parachutes de secours et les taxes prélevées par les Colombiens nous ayant coûté environ trois semaines de budget, les finances commencent à être basses et il nous faut trouver une solution pour arriver à faire rentrer un peu d'argent dans les caisses. Il nous faudra sans doute trouver du travail, mais nous espérons que cela ne sera pas avant l'Argentine, et d'ici là nous apprenons grâce à des artisans argentins à tisser des bracelets pour en vendre sur notre trajet.

Puis vient le temps de repartir, voici déjà une semaine que nous sommes à Lima car le besoin de se poser se faisait ressentir, mais il ne faut pas oublier que l'on doit être à Buenos Aires le 23 mai et qu'il reste encore tellement de choses à voir et de gens à rencontrer sur la route.






dimanche 13 février 2011

Huaraz, la Chamonix del Peru

Nous retournons vers les montagnes et traversons l'impressionnant Cañon del Pato, par une piste sinueuse coincée entre la Cordillère Blanche et la Cordillère Noire. Au niveau le plus étroit du canyon, une douzaine de mètres seulement sépare les deux cordillère ! Un trajet impressionnant qui commence dans le désert, s'engage vers les montagnes à travers des vallées arides, plus encaissées les unes que les autres. Tout au long du chemin, de nombreuses mines et villages fantômes, presque un décor de western. La piste est à peine plus large que le bus qui enchaîne les franchissements de ponts qui grincent, tandis qu'en contrebas gronde la rivière. La légende veut que ce trajet compte le plus grand nombre de tunnels du Pérou, plus de 40 sur moins de 100 km. Nous débouchons enfin sur les verts plateaux d'altitude, au pied des plus beaux glaciers de la région!
Après 8 heures de bus (pour parcourir à peine plus de 250 km), nous arrivons sains et saufs à Huaraz et sommes accueillis par Ivan, ami CouchSurfer. Une fois installés chez lui, nous consacrons notre première journée à nous réacclimater, car nous venons tout de même de passer de 0 à plus de 3000 mètres d'altitude, et à rechercher d'éventuelles zones de vol. Nous grimpons de bon matin au mirador El Pinar, d'où le magnifique point de vue sur les sommets de la Cordillère Blanche nous laisse entrevoir de belles possibilités de vol. Nous découvrons aussi le Huascarán, plus haut sommet péruvien du haut de ses 6768 mètres. Nous redescendons ensuite en ville pour rencontrer une agence de trek locale recommandée par Manu, qui nous conseille un vol à faire dans la Cordillère Noire, avec une belle vue sur les nevados. Nous rentrons enfin chez Ivan, ayant repéré deux vols-randos, et réglons le réveil pour 5 heures du matin bien décidés à nous envoyer en l'air dans ce paysage grandiose.
Malheureusement, et même si nous nous y attendions en débarquant dans la région, c'est l'hiver sur les montagnes péruviennes et les orages sont nombreux. Dès le lendemain, le ciel se bouche et les pluies sont quasi continues. Nous restons tout de même quelques jours dans l'espoir de trouver un créneau, et nous nous occupons avec d'autres activités que proposent la région. C'est ainsi que nous profitons d'une matinée toujours nuageuse mais un peu plus sèche qu'à l'accoutumée pour faire la rando du lac Churup. Au pied du glacier du même nom, le lac d'origine glaciaire est situé à 4450 mètres d'altitude. Comme une émeraude sertie dans la roche, ses eaux changent de couleur tout au long de la journée et reflètent les sommets alentours. L'ambiance est magique, surtout après ces quelques heures de marche dont les derniers mètres sont assez raides. Mathieu ne résiste d'ailleurs pas longtemps à l'appel de la baignade ! Un peu trop fraîche, il ne restera cependant pas longtemps à barboter, d'autant que la brume monte et que l'orage approche. Nous redescendrons sous la pluie mais contents de notre escapade.
D'un tout autre genre, la meilleure façon que nous ayons trouvé pour s'occuper malgré la pluie est d'aller aux bains de Monterrey. Piscines remplies par des sources chaudes à 49°, il parait que leurs eaux sont bonnes pour la santé... en tout cas c'est bon pour la tête, alors pourquoi s'en priver ?
Mais la météo ne s'améliore pas, et nous commençons à tourner en rond. L'intérêt du voyage étant bien de ne jamais s'ennuyer, il est temps pour nous de quitter Huaraz et de revenir au soleil, sur la côte.



lundi 7 février 2011

Trujillo, ciudad de la eterna primavera

Il ne nous faut pas moins de 4 bus différents et de 26 heures de route pour quitter l'Équateur et arriver à Trujillo, notre première étape péruvienne. Mais l'avantage de ces longs trajet en bus est de pouvoir profiter des paysages extraordinaires que l'on traverse, et c'est ainsi qu'après avoir passé la frontière de nuit, nous nous réveillons en plein désert, impressionnés par ce nouvel environnement.
La chaleur dehors est étouffante, quasi insupportable, et voilà que nous arrivons dans les premières villes du pays, telles des oasis posées au milieu de nulle part. Entourées de verdure, l'irrigation fait des miracles et permet même de faire pousser du riz en plein désert !
Nous comprenons rapidement que le Pérou est en pleine campagne électorale car partout où l'on regarde, que ce soit sur le moindre petit bout de mur ou sur un gros caillou, on retrouve les slogans et logos des différents partis politiques. Lorsqu'il y a assez de place, les peintures expliquent même comment voter avec, analphabétisme oblige, dessins à l'appui ! Drôle d'ambiance...
Nous rallions enfin Trujillo, ville de la côte nord du Pérou, située à quelques kilomètres seulement de l'Océan Pacifique. Le centre ville conserve beaucoup de traces de son passé colonial, beaucoup de bâtiments affichent clairement leur influence européenne, mais l'intérêt principal de la ville réside dans ses deux grands pôles archéologiques : Chan Chan, la plus grande citadelle en adobe du monde antique et les huacas del Sol et de la Luna, pyramides d'adobe.
L'adobe est de l'argile qui, mélangée à de l'eau et à une faible quantité de paille hachée ou d'un autre liant, peut être façonnée en briques séchées au soleil. C'était le matériau de construction utilisé par les civilisations précolombiennes, ici les "Chimú" et les "Moche".
La citadelle Chimú de Chan Chan, déclarée patrimoine de l'Humanité par l'UNESCO en 1986, couvre une superficie de plus de 20 km². Impossible donc d'en visiter la totalité, d'autant plus qu'une grande partie est aujourd'hui en cours de restauration. Mais le complexe Nik An est accessible, et on découvre au milieu de ses murailles l'importance de l'eau et de l'océan, et le culte qui lui était rendu dans la culture Chimú. Partout, les hauts reliefs représentent les différentes espèces d'animaux marins présents dans la région : poissons, pélicans... mais aussi les vagues et les filets de pêche. Malheureusement, il ne reste que peu de représentations originelles car beaucoup ont été détruites à cause des fortes pluies et des inondations provoquées par le phénomène météorologique el Niño sur les côtes péruviennes. Déclaré patrimoine en danger, Chan Chan aura peut-être complètement disparu dans quelques décennies à cause de l'érosion, c'est pourquoi l'accent est aujourd'hui mis sur la préservation et la reconstruction du site, alors même que les fouilles continuent !
À quelques kilomètres de là, au bord du Pacifique, on trouve le port de pêche de Huanchaco qui fait aussi office de petite station balnéaire pour les habitants de Trujillo. Nous y posons nos sacs pendant quelques jours, afin de profiter un peu du calme (ici pas de klaxon ou d'alarme sonnant en permanence) et du beau temps. Dans ce petit village qui nous rappelle un peu Capbreton, avec son estacade et ses surfeurs, la vie s'écoule au ralenti et même si les "trujillanos" débarquent en masse le week-end, l'ambiance reste très détendue. La police fait sa ronde en écoutant du reggae à fond dans leur véhicule de patrouille, et de nombreux hippies déambulent sur la plage en vendant leur artisinat. Ici, les pêcheurs sortent en mer avec leurs embarcations traditionnelles : "los caballitos de totora", utilisées depuis plus de 1000 ans. Fabriquées en Totora, sorte de roseau local, leur forme particulière relevée à l'avant et plate et élargie à l'arrière se distingue de toutes les autres embarcations.
Surplombé par une petite falaise, l'endroit semble même sympa pour voler et faire un peu de soaring, mais le vent ne sera pas assez fort durant notre séjour et nous n'obtiendrons pas plus d'une minute de vol !



mercredi 2 février 2011

Cuenca, la Atenas del Ecuador

Ultime étape équatorienne sur notre route, Cuenca est la troisième ville du pays après Quito et Guayaquil. Située au sud de l'Équateur, à 2550 mètres d'altitude, elle offre aussi quelques possibilités intéressantes de vols. Après 8 heures de bus où l'on traverse des paysages variés, nous arrivons enfin à Cuenca à la nuit tombée. Comme la plupart des autres grandes villes équatoriennes, la vie nocturne y est très calme, presque trop, et il est difficile de trouver un endroit où se restaurer. Cependant, bien que les rues soient désertes, l'ambiance semble paisible et beaucoup plus rassurante qu'à Quito.
Le temps étant très nuageux dans la région, nous en profitons pour découvrir la ville et ses habitants. Très bien préservé, le centre colonial historique de Cuenca a lui aussi reçu le statut de patrimoine culturel de l'humanité, et l'on comprend vite pourquoi. Les rues sont pittoresques et les nombreux marchés en tous genres qui fleurissent aux quatre coins de la ville lui confèrent une atmosphère authentique. Il fait bon flâner dans les rues ou au bord de la rivière, tout en admirant l'architecture coloniale et la vie qui se déroule paisiblement. Peu de touristes en ville, car outre son centre il n'y a pas grand chose à visiter, mais c'est justement ce qui nous plaît car il est agréable de se promener sans se faire continuellement alpaguer pour des prestations touristiques, comme c'était le cas à Baños. Les gens sont chaleureux et nous passons d'agréables moments à déambuler dans les marchés. Peu habituées aux étrangers, les "señoras" sont ravies de nous accueillir sur leurs stands et de nous montrer, voire de nous faire goûter leurs produits. C'est l'occasion pour nous de découvrir plein de nouveaux fruits et légumes, inconnus sous nos latitudes, et de s'essayer à certains mets locaux comme le chicharron (peau et couenne de porc grillés, très léger et digeste...), ou encore les délicieux nougats locaux, à base de confiture de lait et fourrés à la cacahuète. Nous pourrons aussi nous préparer enfin de vraies tisanes avec des vraies plantes et non des sachets, sur les conseils avisés d'une señora bienveillante.
Mais malgré cette excellente expérience, nous quittons la ville après quelques jours seulement, chassés par le mauvais temps qui nous empêche de voler dans les villages alentours. Nous décidons alors de reprendre la route et de rallier le désert péruvien sans trop attendre.