mercredi 30 mars 2011

Oops !!

Notre ordi nous a laché... Impossible donc de vous raconter nos dernieres aventures et surtout de vous montrer nos dernieres videos !!
Mais on sera de retour en France d'ici une quinzaine de jours (sauf si on décide de construire une cabane en rondins et de se poser dans le coin...) et alors, promis, on vous racontera tout et on mettra le blog a jour. En attendant, on vous salue depuis le fin fond de la Patagonie Argentine !

Nuestro computador fallecio hace poco asi que ahora se nos complica mmucho poner el blog al dia... No podemos contarles nuestra ultimas aventuras o monstrar nuestros ultinos videos !!
Regresamos a Francia en unos quince dias asi que aguanten un poco mas por favor y les prometemos contar todo lo que ha pasado desde la frontera Boliviana hasta el fondo de la Patagonia Argentina.
Muchos saludos a todos !

vendredi 25 mars 2011

Avaroa - Ollagüe, ultima estación esperanza

Après une longue attente dans le froid de la nuit de l'altiplano sur le quai de la gare d'Uyuni, notre train part enfin, direction la frontière bolivo-chilienne. Il s'agit en fait d'un immense train de marchandises au milieu duquel s'est perdu un wagon de voyageur, où s'entassent plus de 100 personnes ! Le voyage s'annonce plutôt folklorique, d'autant plus que tout le monde est fatigué après avoir passé la nuit à attendre. Après les deux premiers arrêts, le wagon est déjà presque vide et nous ne sommes plus que 5, tous touristes, abandonnés dans un convoi de marchandises... Le train passera plus d'une heure à attendre au milieu de nulle part, entre deux déserts de sel à plus de 3000 mètres d'altitude, qu'un autre convoi de marchandises (lui aussi en retard) vienne se rajouter au notre. Quand on repart enfin, la matinée est déjà bien avancée et nos chances d'attraper le bus de l'autre côté de la frontière se réduisent de minute en minute. On se réjouit tout de même des paysages traversés, tellement loin de tout ce que l'on avait pu voir auparavant, et surtout tellement loin de ce que l'on avait pu s'imaginer ! Les volcans de la cordillère dominent d'immenses plaines salées, si arides et sèches que rien, pas même un petit buisson ne parvient à pousser. Les rares êtres humains à s'aventurer dans ces contrées sont soit travailleurs du sel, soit militaires ! On rencontre parfois quelques vigognes, lointains parents des lamas des verdoyants plateaux andins, qui se sont adaptées à cet environnement hostile et qui arrivent à s'alimenter des rares graminées qui poussent dans le sel.
Lorsque le train arrive enfin à Avaroa, la dernière gare du côté bolivien, il est déjà plus de 12h30 alors que l'on était censé arriver à 7h30 au plus tard ! On se presse alors de faire tamponner nos passeports par l'unique autorité bolivienne du village, un militaire qui fait aussi office de douanier et de policier. Faut dire qu'à Avaroa, à part des trains il ne passe pas grand monde, et on n'y trouve que 4 baraques et 5 habitants... Le bus qui nous permettra de rejoindre la civilisation est quant à lui de l'autre côté, à Ollagüe, premier village chilien, à 5 kilomètres de là où nous sommes. Nous voilà donc partis, chargés de tous nos sacs, pour une bonne heure de marche en plein soleil à près de 4000 mètres d'altitude le long de la voie de chemin de fer. Pas un seul véhicule à l'horizon durant la traversée, rien non plus à l'arrivée à Ollagüe... Après avoir accompli les formalités douanières d'usage, et s'être fait confisquer les quelques aliments périssables qu'il nous restait, les douaniers nous informent que le bus est parti aux alentours de 12h30, et que le prochain départ est prévu pour dans 3 jours !! Gloups !! Quand on y repense, pendant qu'on galérait en plein désert à quelques kilomètres de là seulement, le bus démarrait pour ne revenir que lors du prochain passage de train... les boules ! Nous nous posons donc à l'extérieur du poste de douane d'Ollagüe et attendons l'arrivée d'un hypothétique véhicule pour nous emmener jusqu'à Calama, la première vraie ville de ce côté de la frontière. L'après-midi passe très lentement et nous ne voyons passer que deux voitures, une s'arrêtant ici et l'autre n'ayant pas de place. Et alors qu'on commence à se sentir réellement perdus et loin de tout, l'hospitalité sud-américaine fera encore une fois ses preuves ! Sans un sou en poche, dans un village où l'unique restaurant n'a même pas de nourriture à vendre, sans eau car l'eau courante est salée et impropre à la consommation, et bien sûr sans nourriture puisqu'on ne peut faire entrer aucun aliment au Chili, nous sommes invités par deux routiers à partager leur repas du soir. Eux aussi sont coincés là, ils attendent que des manifestations dans les mines boliviennes se terminent pour pouvoir s'y rendre et livrer leur chargement. On passe donc un bon moment avec "Bigote" et Hector, autour de quelques tartines et d'un bon café qui nous réchauffe le cœur, puis Daniel, un des douaniers, nous invite à passer la nuit au poste de douane car le froid est terrible ici la nuit. Nous voilà donc dans la salle où ils ont fouillé nos sacs, au chaud et le ventre rempli, notre situation n'est finalement pas si mauvaise !
Le lendemain, tous nous invitent à partager le petit déjeuner après quoi nous nous installons à nouveau au bord de la route. Mais cette fois, tous nos nouveaux amis ne laisseront pas passer un seul véhicule sans insister pour qu'il nous prenne, et voilà comment nous nous retrouvons à bord d'un camion bolivien faisant route vers Iquique. Wilson, notre chauffeur, nous conduira lentement mais sûrement sur une piste cahoteuse traversant le désert d'Atacama, le plus sec et le plus aride désert du monde, en contournant volcans et champs de lave jusqu'à Calama, à plus de 6 heures de route.



jeudi 24 mars 2011

Uyuni, un viaje a la luna

Après un court séjour mais beaucoup d'émotions à Potosí, nous partons pour Uyuni à 150 km plus au sud-ouest. Rendue fameuse à cause de son immense "salar", c'est une étape incontournable pour les touristes. Située à 3650 mètres d'altitude, elle est le point d'entrée pour visiter les 12500 km² du plus grand désert salé du monde ou pour explorer les paysages grandioses du Sud-Lipez. Dès notre arrivée, nous ne pouvons échapper aux nombreuses agences qui ont pignon sur rue et qui font leur possible pour nous vendre leurs services. Nous décidons cependant assez vite de ne pas faire appel à elles, et d'essayer de se rendre au salar par nos propres moyens. En effet, partir en convoi de plusieurs dizaines de 4x4 au milieu d'un troupeau de touristes, pour suivre le même chemin que tout le monde ne nous intéresse guère. De même, bien que les paysages du sud-Lipez aient l'air époustouflants, nous ne sommes pas très attirés par l'idée de s'entasser avec des inconnus dans un 4x4 pendant plusieurs jours.
D'autre part, le salar étant inondé à cette période de l'année qui fait suite à la saison des pluies, il est quasiment impossible de s'y aventurer en voiture car la plupart des pistes qui le traversent sont impraticables, voire même dangereuses. L'idée qui nous vient alors très rapidement est de s'y rendre en fin d'après-midi pour pouvoir y admirer le coucher de soleil. Par chance, alors que nous cherchons encore un moyen de transport peu onéreux pour y aller (les locations de vélo n'existant plus à cause des touristes peu soigneux), nous tombons sur Anne et Laurent, déjà rencontrés au début de notre périple chez Andrès à San Gil. Eux aussi étant peu attirés par une visite en tour organisé hors de prix, nous leur proposons de partager un taxi avec nous pour effectuer les 40 minutes de piste qui nous séparent du salar, et d'aller découvrir ensemble cette immense étendue de sel. Nous trouvons rapidement un chauffeur intéressé par notre offre et prenons rendez-vous pour le jour-même en fin de journée, pour 150 bolivianos aller-retour (environ 15 euros)... à quatre, sachant qu'un tour pour une personne coûte le même prix !
En attendant l'heure prévue, nous partons visiter le cimetière de trains, à une quinzaine de minutes de marche à la sortie de la ville. Au bout d'une voie de chemin de fer désaffectée, s'entassent des dizaines de wagons et de locomotives à vapeur retraçant toute l'histoire du chemin de fer bolivien. L'ambiance qui se dégage de ce lieu atypique en plein désert est vraiment particulière, et tous ces monuments ferroviaires rouillés sont impressionnants ! Après un bon moment passé à prendre des centaines de photos, nous quittons le cimetière de trains et remontons les rails jusqu'à la ville.
Il nous reste encore du temps avant le coucher du soleil, et nous en profitons pour nous occuper de notre passage au Chili. Marre des bus, après les dizaines d'heures passées sur la route nous avons plus que jamais envie de changer de moyen de transport, et l'idée de voyager en train jusqu'à la frontière chilienne commence à germer dans nos esprits. La chance est avec nous puisque le train hebdomadaire pour Avaroa, la dernière gare bolivienne avant la frontière, part cette nuit à 3 heures du matin. Nous achetons alors sans hésiter deux billets, avant de partir à la découverte du salar avec nos compagnons parisiens.
Notre taxi nous emmène jusqu'à l'entrée du salar, sur une petite plage de sel au bord de la zone inondée, et juste après les fameux et hors de prix hôtels de sel, construits intégralement en blocs de sel. L'ambiance est tout simplement magique, comme la surface du salar est parfaitement plate et recouverte de 30 centimètres d'eau, le paysage se trouve transformé en gigantesque miroir d'eau. Et bien qu'on ne puisse pas s'aventurer plus loin dans le désert, on a déjà le souffle coupé par le spectacle qui s'offre à nous ! Sur l'horizon, à des kilomètres de nous, les volcans de la cordillère semblent flotter dans le vide, comme des îles dans le ciel. Les rayons du soleil couchant se reflètent à perte de vue sur cette immense étendue blanche et lumineuse. Et juste avant que le disque solaire ne disparaisse derrière l'horizon, un vol de flamants roses vient clôturer ce fabuleux spectacle ! La nuit vient ensuite très vite nous recouvrir et nous reprenons alors la direction d'Uyuni, ravis par la merveilleuse poésie que nous a offert la nature. Après ça, rien de tel qu'une bonne bière et des grillades pour retrouver notre nature primitive de parapentistes !
Viendra ensuite la longue attente, dans la petite gare d'Uyuni, durant une nuit glaciale typique de l'Altiplano, pour notre train qui finalement ne partira qu'à 5h45 !



mardi 22 mars 2011

Potosí y el Cerro Rico

Après quelques jours seulement, nous nous sentons déjà tellement bien à Cochabamba qu'il nous est difficile de quitter la ville et nos amis. Nous finissons tout de même par prendre un bus de nuit en direction de Potosí, plus au sud. Il nous faudra cependant beaucoup plus de temps que prévu pour rallier notre but... Coincés par un énorme éboulis, nous passerons la nuit en pleine montagne, au milieu de dizaines d'autres bus et de camions. Au petit matin, après que notre chauffeur ait réussi à gagner du terrain, nous passons la zone du sinistre qui semble avoir été dégagée par les conducteurs de camions à l'aide de leurs véhicules, ceux-là mêmes qui encouragent notre franchissement perchés sur les gros rochers qui encombrent le passage. L'avantage de cette mésaventure est que nous pouvons profiter des magnifiques paysages de l'altiplano de jour, vu que nous n'avons pu avancer que de quelques kilomètres durant la nuit. Nous traversons alors d'immenses étendues de steppe surplombées de majestueux volcans, où broutent des troupeaux de centaines de lamas... une véritable image de carte postale !
Avec plus de 10 heures de retard, nous parvenons enfin à Potosí, à 4100 mètres d'altitude. Officiellement considérée comme étant une des plus hautes villes du monde, Potosí est surtout connue pour son activité minière, qui a débuté avec la colonisation espagnole. Le "Cerro Rico", ou montagne riche, renfermait alors de grandes quantités d'argent facilement exploitables. Les espagnols avaient déjà aménagé de nombreuses mines, exploitées par des indigènes ou des esclaves africains. Les chroniqueurs de l'époque estiment que plus de 8 millions de personnes ont perdu la vie dans les mines de Potosí durant la colonisation espagnole ! Aujourd'hui, les conditions de travail dans les mines du Cerro Rico n'ont pas beaucoup changé, les mineurs travaillent d'arrache-pied dans une chaleur étouffante, dans un air chargé de poussière, au fond de tunnels étroits et bas de plafond et ce pendant plus de 8 heures par jour ! Heureusement, plus de 80% des 160 mines sont actuellement gérées par des coopératives, où les mineurs sont propriétaires de leurs parcelles.
Le principal intérêt touristique et culturel de la ville est donc devenu la visite des mines, accompagné par l'une des nombreuses agences que l'on trouve en ville. Nous arrêtons notre choix sur une agence tenue par des anciens mineurs, qui ne propose pas la "visite aventure" qui comprend une explosion de dynamite, mais plutôt la possibilité de rencontrer les travailleurs qu'ils connaissent bien. C'est ainsi que le lendemain matin, on part avec sept autres touristes pour la mine. Après nous avoir fourni tout l'équipement du parfait petit mineur, on fait un arrêt au marché des mineurs pour y acheter des poches de feuilles de coca et des boissons, à distribuer au cours de nos rencontres. On passe ensuite à l'usine de traitement des minéraux, où on découvre comment sont transformées les roches brutes en minéral presque pur, et en particulier comment sont employés des produits chimiques assez dangereux et particulièrement nocifs, sans précaution particulière, et dont les déchets sont rejetés dans la rivière ou lavés par la pluie.
Puis on monte enfin au Cerro Rico, et on s'engage dans la mine del Rosario. On parcourt une grande distance dans un tunnel étroit, la plupart du temps pliés en deux, avant de s'engager plus profondément dans la montagne et de descendre dans des niveaux inférieurs. Depuis le temps que la mine est exploitée, il faut maintenant aller jusqu'au cœur de la montagne pour trouver des petits filons encore exploitables. Aujourd'hui, l'argent ne fait plus le bonheur mais ce sont essentiellement l'étain et le zinc qui sont extraits. Arrivés dans une petite cavité, on rencontre Don Julio, mineur de 43 ans qui travaille dans la mine depuis plus de 35 ans... Il paraît beaucoup plus vieux, et nous explique qu'il a sept enfants dont il refuse qu'ils viennent travailler dans la mine. Il dit lui-même que cette mine n'a plus d'avenir, et rêve d'envoyer ses enfants étudier en Argentine. On le laisse ensuite travailler, assis tout seul dans le noir et la poussière à trier des échantillons de roches à l'aide de son marteau et de sa petite lampe, et on continue de s'enfoncer dans cet enfer. On y rencontre donc logiquement un diable, appelé le tio Jorge. Sous l'apparence du diable, cette statue d'argile représente en fait la divinité locale, le propriétaire de la montagne et du minerai qui protège les mineurs et leur permet de découvrir de nouveaux filons à condition de lui laisser quelques offrandes. Plus loin, on rencontre plusieurs groupes de mineurs dont certains évacuent l'eau des dernières pluies, tandis que d'autres ouvrent de nouvelles galeries à l'aide de dynamite et évacuent les gravats par des wagonnets ! Il est difficile d'assister au spectacle des trois ou quatre personnes faisant péniblement avancer un chariot pesant 2 tonnes dans ces conditions extrêmes, mais eux nous rassurent en nous expliquant qu'ils trouvent que leurs conditions de travail s'améliorent, et qu'ils gagnent tout de même trois fois plus que le SMIC bolivien, qui est à 679 bolivianos par mois, soit moins de 70 euros. Ils profitent aussi d'avantages sociaux exceptionnels par rapport aux autres travailleurs, comme des assurances maladies et des pensions de retraite.
Il est temps de retourner à l'air libre, et alors que nous remontons les boyaux de la mine, le groupe est particulièrement silencieux et s'interroge sur ce qu'il vient de voir. Bien que les mineurs ne se plaignent jamais et semblent satisfaits des avantages qu'ils ont obtenu, est-ce que tout cela vaut bien la peine si c'est pour vivre 15 à 20 ans de moins que la durée de vie moyenne en Bolivie (qui s'élève à 65 ans) ? En tout cas, cette expérience donnera une autre valeur à beaucoup d'objets de notre vie quotidienne...



dimanche 20 mars 2011

Cochabamba, capital gastronómica de Bolivia

Située au centre de la Bolivie, au cœur de la cordillère des Andes, Cochabamba se trouve dans une des vallées les plus fertiles et productrices du pays. Elle est souvent considérée comme la capitale gastronomique de la Bolivie, et notre expérience nous l'a confirmé. Mais nous n'avons pas choisi Cochabamba par hasard, c'est aussi dans cette même vallée où sont produits la plupart des fruits et légumes du pays, que l'on trouve les meilleurs sites de vol boliviens.
Nous y retrouvons Alan, notre ami irlandais qui nous avait hébergé au tout début de notre périple à Ansermanuevo, en Colombie, et y faisons la connaissance de Marcelo, l'un des fondateurs d'AndesXtremo. Déjà impressionnés par la motivation de l'équipe de La Paz, nous rencontrons ici des pionniers de la montagne dans leur pays. La jeune équipe de Cochambamba qui, menée par son jeune patron, se démène pour trouver et équiper des voies d'escalade, officialiser et sécuriser la pratique du parapente, notamment en essayant de créer une fédération nationale qui pourrait être affiliée a la F.A.I (Fédération Aéronautique Internationale)... On est ici aux débuts des sports de montagne tels qu'on les connait chez nous, c'est comme être en France il y a 40 ans, tout reste à faire !
En ce qui nous concerne, nous sommes encore une fois admiratifs de la motivation et de l'engagement qui pousse toute cette équipe à s'inscrire dans une telle démarche. Mais il n'empêche que tous restent très humbles quant à leurs capacités et nous passerons de supers moments avec eux, et partagerons de beaux vols sur les hauteurs de Cochabamba. Tandis que notre ami Alan s'initie aux joies du vol biplace (en tant que pilote), nous profitons des bonnes conditions que nous offre la vallée pour faire quelques beaux vols, à seulement une trentaine de minutes de la ville.
Mais Cochabamba n'avait pas fini de nous surprendre, et bien que nous soyons venu là surtout pour voler, nous avons fait de très agréables découvertes dans la région ! Située hors des circuits touristiques classiques, la ville n'en a pas moins à offrir pour autant. En effet, sa position économique en fait la troisième ville du pays, ce qui est surtout dû au climat de la vallée, tempéré toute l'année. C'est ainsi que Cochabamba est devenue le "grenier de la Bolivie", c'est ici que l'on produit la plupart des aliments consommés dans le pays. Et c'était déjà le cas à l'époque de la colonisation, la ville permettait alors de fournir de la nourriture aux mineurs des autres villes, comme Potosí.
On y mange effectivement très bien et très varié (ce qui, il faut le dire, nous change de tout ce qu'on a eu jusqu'alors !), et on peut y visiter le plus grand marché en plein air d'Amérique du Sud : La Cancha. Ouvert tous les jours de la semaine, on y trouve de tout : aussi bien de la nourriture que des vêtements, des équipements d'électroménager, des gadgets en tous genres, du plus utile au plus inutile qui soit ! Grouillant de vie, c'est un lieu assez amusant à visiter, bien qu'il faille faire bien attention à ne pas s'y perdre ! Organisé en zones, on y trouve vite ce que l'on cherche, à condition de se rendre dans le bon quartier. Nous aurons l'occasion d'en visiter quelques-uns, et ce sera là qu'on nous offrira nos premières doses de feuilles de coca. Après avoir posé quelques questions à un couple de vendeurs, nous découvrons ainsi qu'il existe plusieurs variétés de coca (tout comme il existe plusieurs variétés de café), plus ou moins fortes en goût et en effet, poussant à différentes altitudes et différents climats. Il existe aussi diverses façons de la consommer, soit accompagnée de chaux "nature", soit avec de la chaux plus ou moins sucrée ou salée que l'on reconnait à la forme qui lui est donnée au moment du moulage. Suivant les conseils avisés de nos deux vendeurs, nous testons donc les feuilles les plus douces, accompagnées de chaux sucrée, ce qui, après mastication, donne un jus au goût assez prononcé mais très doux. Une dose pouvant être gardée en bouche plusieurs heures, nous passons donc le reste de l'après-midi avec une grosse boule de feuilles dans la joue, tels deux hamsters. Nous passons cependant inaperçus, car rares sont les Boliviens qui ne mastiquent pas à longueur de journée !
Puis en nous promenant en ville, on découvre l'autre facette de Cochabamba, qui est aussi une des villes les plus révolutionnaires de Bolivie. De nombreux slogans sur les murs affichent clairement des tendances d'extrême gauche, la place centrale est envahie de monde le soir et des groupes se forment et débattent des heures durant, sur des thèmes pouvant varier de la religion à la santé en passant bien sûr par la politique, tout en gardant un grand respect les uns envers les autres. Et chaque jour, sur cette même place, est affiché le journal du jour, décrypté, analysé et commenté... Ça peut paraître assez drôle au premier abord, mais dans un pays qui n'a que peu accès à l'information et où celle-ci est souvent manipulée, il est très intéressant de lire tous ces commentaires, et pour les cochabambinos il s'agit d'une source d'infos des plus précieuses ! Le côté gauchiste de la population locale ne saute pas vraiment aux yeux lorsqu'on arrive en ville, mais en y regardant de plus près il s'affiche vraiment partout, et devient même plus qu'évident lorsqu'on pose quelques questions. Peu de temps avant notre arrivée, il y a d'ailleurs eu d'importantes manifestations bloquant tout le centre ville pendant plusieurs jours, à cause d'une soudaine augmentation du prix des transports... Les manifestants ont obtenu gain de cause, le prix des transports publics n'a pas pu s'aligner sur le privé et a dû reprendre sa valeur initiale !
En résumé, pas de touristes, une vie politique très animée et intéressante, de très bons repas vraiment pas chers, des gens très sympas, de supers vols en parapente et une équipe de montagnards très motivés, nous on a adoré Cochabamba !!





mardi 15 mars 2011

Nuestra Señora de La Paz

Bien que le titre officiel de capitale revienne à la ville de Sucre, c'est bien La Paz qui est accidentellement devenue la capitale administrative de la Bolivie. Elle compte un peu plus de 2 millions d'habitants, tous établis entre 3650 et 4200 mètres d'altitude ce qui en fait oficiellement la capitale la plus haute du monde. Fourmillante de vie, très escarpée et colorée, La Paz ne laisse pas indifférents ceux qui la visitent. Nous-mêmes l'avons adorée, et ce bien que nous n'en ayons connu qu'une infime partie ! Pour une grande ville, elle conserve de sérieux accents de village avec ses nombreux marchés et ses rues remplies d'artisanat coloré. On y trouve même un grand marché aux sorcières, lieux où l'on peut acheter tout le nécessaire pour pratiquer les cultes ancestraux à la Pachamama : pierres et herbes en tous genres, amulettes, graines, poils, mais aussi crapauds séchés ou fœtus de lamas... La plupart des stands et boutiques sont eux-mêmes très bien protégés grâce à des subterfuges comme des carcasses de flamants roses suspendues, plutôt impressionnant ! Pour notre part, logés au beau milieu du quartier des sorcières, nous aurons plusieurs fois l'occasion d'assister à des cérémonies d'offrandes, où de gros paquets contenants, entre autres, des fœtus de lamas, sont brûlés dans la rue, à même le sol, afin d'enfumer les lieux et personnes à protéger ou aider. Et bien que de prime abord ces cérémonies paraissent assez étranges et même plutôt dégoûtantes, ce sont souvent des réunions assez joyeuses où l'alcool coule à flot, et la fumée, provenant de plantes et autres minéraux exotiques, à une odeur assez agréable, voire envoûtante, un peu comme de l'encens. Ici, tout le monde est souriant et la plupart des sorcières sont contentes de partager leur savoir, et d'expliquer aux non-initiés que nous sommes le pouvoir de telle ou telle amulette, et en quoi celle-ci est meilleure pour nous qu'une autre. Voilà donc comment nous nous retrouvons à voyager avec un condor en pierre d'une quinzaine de centimètres, censé nous protéger pendant notre périple !
Nous profitons aussi de notre escale dans la capitale bolivienne pour faire le plein de souvenirs et d'artisanat, et on retrouve ici plus qu'ailleurs toutes ces couleurs éclatantes qui nous émerveillent depuis le début du voyage. Tissus et lainages, faits main pour la plupart, se négocient à des prix qui frisent le ridicule pour les européens que nous sommes ! Nous faisons aussi la connaissance de quelques artisans, fabriquants de bijoux en métal et pierres ou en fils tressés comme nous, et nous installons avec eux afin de vendre quelques bracelets.
Mais le temps presse et il nous faut bientôt reprendre la route, mais avant cela, nous profitons d'une belle journée pour déployer nos ailes aux abords de la capitale. C'est ainsi que nous partons, accompagnés de Miguel et Vicente, deux frères parapentistes membres d'AndesXtremo, dans la vallée au sud de La Paz. Manque de chance, les nuages resterons accrochés toute la journée sur la Cordillera Real et ses mythiques nevados Illimani et Huayna Potosi.
Photo: Alexandra Girardin-Grenon
Nous ferons tout de même deux beaux vols sur un site un peu bizarre, où le déco à 3600 mètres est situé sous le vent, mais lorsque les conditions sont bonnes de gros thermiques se mettent en place sur la crête, et c'est ainsi que Mathieu se retrouve catapulté à 4300 mètres d'altitude, surplombant la ville et l'altiplano. Malheureusement, la caméra ayant décidé de rester bouder à l'hôtel, les seules images qu'on a à vous offrir sont celles d'Alexandra, passagère québecoise d'un biplace avec qui nous avons partagé le vol !




vendredi 11 mars 2011

El Lago Titicaca

Après quelques jours, nous quittons Cusco et son climat pluvieux pour monter sur l'Altiplano, à une altitude moyenne de 3812 mètres, au bord du lac Titicaca. Plus haut lac navigable du monde, il est aussi le plus long lac d'Amérique du Sud avec environ 204 km entre les deux extrémités. Il est traversé de part en part par la frontière entre la Bolivie et le Pérou, 56% du lac appartenant au Pérou et 44% à la Bolivie.
Nous arrivons en pleine nuit à Puno, petite ville située sur les berges péruviennes du lac. Les touristes n'y font généralement qu'une courte halte leur permettant d'aller visiter les îles flottantes des Uros, et ne traînent que très peu en ville. C'est enfin l'occasion pour nous de nous reposer un peu de la foire à touristes que l'on avait trouvé à Cusco ! Ici, il n'y a aucun bâtiment colonial ou aucun monument particulier à visiter, mais déambuler dans les rues de Puno permet de découvrir l'authentique vie lacustre du Pérou. Nous y passerons deux jours, à nous demander s'il vaut la peine de visiter les îles du lac et leurs attraits culturels surfaits pour touristes en manque d'authenticité. Nous ferons finalement l'impasse, déjà assez dégoûtés par ce que nous avons vécu au Machu Picchu. Monter sur un bateau avec une trentaine d'autres blancs et partir à la découverte des îles Taquile, Amantani et des îles flottantes des Uros ne nous attire pas plus que ça. D'ailleurs, les véritables Uros n'existent plus, les îles flottantes sont désormais occupées par des Aymaras qui vivent en grande partie du tourisme... Et quand on sait ça, il y a de quoi se poser des questions quant à l'expérience que l'on va vivre ! Cependant, Puno reste pour nous une étape reposante, loin de l'agitation des jours précédents, et c'est aussi notre première rencontre avec le mythique lac Titicaca. Impressionnant de par ses dimensions, mais aussi par la couleur de ses eaux d'un bleu intense, on imagine facilement pourquoi le lac est au centre de la mythologie Inca. D'après la légende, il serait le berceau du premier Inca, Manco Capac, qui aurait surgit de ses eaux.
Nous passons ensuite la frontière, quittons le Pérou un peu déçus par le tourisme de masse qu'il y règne et par le manque de vols en parapente, et entrons en Bolivie par Copacabana. Petite ville située au bord du lac, son principal attrait touristique réside là aussi dans une île du Titicaca, la Isla del sol. Copacabana ne présente en effet rien de particulièrement intéressant, mis à part sa basilique, ses habitants y passent leurs journées à bénir des voitures et à boire de l'alcool assis sur des cageots au milieu des rues. L'ambiance y est exceptionnellement calme le soir après 22 heures, car la majorité des locaux (hommes ou femmes) ayant commencé à boire depuis la fin de la matinée, ils sont complètement bourrés en fin d'après-midi et vont se coucher tôt ! Nous ne sommes cependant pas venus pour goûter les gnôles locales, mais plutôt pour nous dégourdir les ailes... C'est pourquoi, un début d'après-midi, nous grimpons à pied les 400 mètres de dénivelé jusqu'au sommet d'une colline surplombant la ville, où sont dressées quelques antennes à 4200 mètres d'altitude. Nous patientons un moment au sommet le temps que le vent faiblisse un peu, et profitons d'une vue superbe sur le Titicaca. Mais au sud, un cumulo-nimbus (nuage d'orage particulièrement dangereux pour les drôles d'oiseaux que nous sommes) grossit et commence à se rapprocher de nous, et nous pousse à ne pas tarder à décoller. On vole une quinzaine de minutes, dans un bon dynamique et même quelques thermiques, tout en s'extasiant de voler au-dessus du mythique Titicaca ! Ce vol restera un de nos plus beaux, bien qu'il fut abrégé par la menace du cumulo-nimbus, et nous nous posons sur la plage sous l'œil à demi-éveillé des boliviens.
Le lendemain, nous nous décidons enfin à naviguer sur les eaux du lac en direction de la Isla del Sol, un des principaux lieux de culte du soleil durant l'empire inca. Aujourd'hui, et bien qu'on n'y trouve toujours pas de voitures ou de routes, elle a perdu beaucoup de son charme. Nous débarquons au sud de l'île, dans le port de la communauté de Yumani et nous commençons de suite l'ascension du fameux escalier inca qui monte jusqu'au village. 500 marches en plein soleil, à près de 4000 mètres d'altitude et avec les voiles sur le dos c'est pas rien, surtout quand on se fait constamment harceler par des gens cherchant à nous vendre des chambres en gîtes ou des repas au restaurant ! C'en est fini de l'authenticité, ici tout le monde vit désormais du tourisme et il est impossible de mettre un pied sur l'île sans se faire alpaguer ! Une fois au sommet, nous quittons le chemin pavé Inca qui traverse l'ile et grimpons sur ce qui nous semble être le plus haut sommet alentour. Sortis du sentiers, on se retrouve vite plus au calme et on trouve même un petit terrain suffisamment grand pour y étaler une voile. Ce ne sera qu'un vol de quelques minutes, le vent n'étant pas assez fort pour nous maintenir en l'air, mais l'idée de voler en plein milieu du Titicaca est tout simplement magique !
Après un repas excessivement cher mais composé de truite du Titicaca (fallait bien qu'on y goûte !), nous décidons de repartir pour Copacabana, l'ambiance n'est vraiment pas à notre goût sur cette île où nous avions l'intention de camper, et bien que le paysage soit à couper le souffle, les gens y sont parmis les plus désagréables que l'on ait rencontré. Il nous faudra alors négocier durement le bateau de retour, car le retour coûte deux fois plus cher qu'à l'aller... une fois coincés sur l'île, les visiteurs sont bien obligés de payer pour rentrer ! Encore une fois dégoûtés par les effets du tourisme de masse sur les populations et cultures locales, nous quittons la Isla del Sol avec pour seul regret de ne pas avoir pu y voler plus longtemps !





dimanche 6 mars 2011

Cusco, Valle Sagrado y Machu Picchu

Nous quittons Ayacucho un peu déçus de n'avoir pu y voler, mais contents d'avoir découvert la ville et ses habitants et d'y avoir fait la connaissance de Tessa et Christoph. Après quasiment 24 heures de route, la plupart sur piste, nous arrivons enfin dans la capitale de l'empire Inca, Cusco. Aujourd'hui capitale de l'empire touristique péruvien, il nous est difficile d'y trouver un endroit sympathique et au tarif abordable pour se loger ! Nous finissons quand même par y parvenir et dormirons donc quelques nuits dans un ancien poulailler reconverti en chambre d'hôtel...
Nous passerons nos premiers jours en ville à parcourir les ruelles du centre colonial et à découvrir les sites incas des alentours. Bien que Cusco soit magnifique, elle est victime de son succès et s'est transformée en paradis du dollars. L'ambiance dans le centre est assez désagréable, on se fait en permanence harceler que ce soit pour nous vendre des packages touristiques, ou pour nous offrir des entrées en boite de nuit. Il est même difficile d'y trouver autre chose à manger que de la pizza pour un prix décent ! Et malgré que l'on soit très bien accueillis par les hôtesses de l'office du tourisme, les tarifs sont si prohibitifs que l'envie de découvrir le patrimoine culturel de la région est vite anéantie. Le climat n'arrange en rien les choses puisque la pluie est au rendez-vous tous les jours, et nous aurons même droit à quelques beaux orages tropicaux.
Mais on ne se laisse pas abattre pour autant et on décide d'essayer de découvrir un maximum de choses par nous même, en évitant tant que possible les circuits touristiques. C'est ainsi que l'on se retrouve dans un bus local pour parcourir la dizaine de kilomètres qui nous sépare du complexe archéologique de Tambomachay, pour revenir ensuite à pied tout en visitant les autres sites situés le long du trajet. Malheureusement, on ne pourra éviter les frais d'accès aux 4 différents sites qui s'élèvent tout de même à 70 nuevo soles (un peu moins de 20 €), une petite fortune à l'échelle du pays. "Passeport touristique" en main, nous voilà donc partis pour un voyage dans le temps, à la découverte de Tambomachay, centre de culte de l'eau et de régénération de la terre, formé de murs et de fenêtres aux formes trapézoïdales, ainsi que de canaux provenant d'une source d'où coule une eau cristalline. Nous traversons ensuite la route pour visiter le "Fort Rouge", Puka Pukara. Parfaitement situé sur la route qui va de Cusco à la Vallée Sacrée, il servait de poste de contrôle et probablement aussi de centre administratif et militaire contrôlant les allées et venues entre Cusco et les villages de la Vallée Sacrée. Nous remontons ensuite la route sur quelques kilomètres avant d'arriver à Q'Enko, "le labyrinthe". Datant de l'an 1500 après J.C, ce site ressemble au premier abord à une carrière de pierres. Vu du dessus le site n'a rien d'exceptionnel, mais lorsqu'on le contourne, on y découvre une petite esplanade avec un énorme rocher représentant un crapaud, symbole de la fertilité, derrière lequel on trouve des galeries souterraines dans lesquelles avaient lieu des cérémonies en honneur au Soleil, à la Lune et aux Étoiles. Plus loin sur le chemin du retour, on arrive enfin au plus important site de Cusco. Dominant la ville, le Complexe Cérémoniel de Sacsayhuamán, à cause de son immensité, fût d'abord considéré lors de la conquête espagnole comme une édification militaire. Il s'agit en fait d'une construction religieuse où l'on célèbre chaque année l'Inti Raymi, ou Fête du Soleil. On y est d'abord interpellés par la majestuosité des constructions et leur style imposant, puis, en regardant dans le détail, on s'aperçoit que tout est calculé, minutieusement planifié. Outre l'impressionnant agencement des énormes pierres propre à l'architecture Inca, le site représente, vu du ciel, la tête d'un puma dont la ville est le corps ! Notre visite sera finalement écourtée par les orages qui grondent alentour, et nous nous pressons de rentrer en ville par l'ancien chemin Inca reliant Sacsayhuamán au vieux centre de Cusco pour nous mettre à l'abri de la pluie.
Reste ensuite le gros morceau, l'attraction phare du disneyland inca, le fameux Machu Picchu. La solution la plus simple et la plus rapide pour y aller est le chemin de fer, tenu par une entreprise péruvienne dont les capitaux sont européens, et qui fait payer le billet aller-retour plus de 100 dollars (environ 100 €). Plus longs, plus intéressants et un peu moins coûteux, il existe deux treks permettant de monter Machu Picchu, tout en rencontrant d'autres sites archéologiques sur la route, le Salkantay et le très couru Inca Trail. Mais n'ayant pas autant de temps ni d'argent à dépenser, nous nous sommes rabattus sur la solution alternative soufflée par le cousin de Mathieu. C'est ainsi que le lendemain matin, nous prenons un bus à 8 heures en direction de Quillabamba. Seuls blancs dans ce bus, nous faisons un bout de route dans la Vallée Sacrée avant de faire un grand détour jusqu'au village de Santa Maria, où nous arrivons au bout de 8 heures. De là, nous montons dans un minibus avec quelques autres blancs pour remonter la piste jusqu'à "hidroelectrica", la centrale hydroélectrique située au bout du chemin de fer. Nous marchons ensuite sur 10 kilomètres le long des rails, sous la pluie et avec la nuit, pour arriver à Aguas Calientes, le village situé au pied du Machu Picchu. Essentiellement constitué d'hôtels et de restaurants, il nous faudra une demi-heure de négociations pour trouver un hôtel à un prix décent, et avec ce qui nous manquait depuis longtemps, de la vraie eau chaude ! En même temps, dans un village qui s'appelle "aguas calientes" c'est plutôt logique...
Après une petite nuit, nous sommes dehors à 5h du matin pour attendre que l'office du tourisme ouvre, et acheter nos tickets d'entrée pour le Machu Picchu. La réputation du site doit certainement justifier les 126 soles d'entrée par personne (32€), mais nous aurons beau chercher nous nous demandons toujours où peut bien partir tout cet argent... Dernière étape avant d'accéder enfin à cette merveille du monde moderne, il nous faut encore monter au sommet du Machu Picchu. Il y a bien des bus qui partent toutes les cinq minutes, mais 8$ (6€) l'aller simple nous paraissent là aussi un peu exagérés. Nous montons donc à pied par le chemin qui coupe à travers la jungle, à nouveau sous la pluie mais dans une ambiance absolument magique. Le brouillard est omniprésent, étouffant le vrombissement des bus et laissant apparaître de temps à autre les sommets alentours. Des perroquets et autres volatiles exotiques nous accompagnent le long du chemin, nous évoluons dans une autre dimension... Jusqu'à arriver au sommet, et là c'est le choc : les bus vomissent des dizaines de touristes en continu, le monde et le bruit nous ramènent brutalement à la réalité ! Nous nous empressons de passer les tourniquets d'entrée au site, qui finissent de nous écœurer car on nous demande nos tickets et passeports, pour vérifier, avec l'ordinateur et le code barre à l'appui, si nous sommes bien dans la légalité.
Enfin au Machu Picchu, le brouillard se déchire assez rapidement et la vue sur les alentours se dégage. Et on a beau râler sur la pompe à fric que c'est devenu, on reste quand même sur le cul devant la splendeur du site. On se trouve au sommet d'un de ces pics abrupts, recouverts de végétation même sur les parois les plus verticales, en bas gronde une rivière gonflée par les cascades apparues avec les pluies des derniers jours, les nuages restent accrochés sur les crêtes les plus lointaines pour parfaire l'ambiance, et au milieu, un site inca venu de nulle part. On passe quatre heures à visiter les ruines, et alors que le flot des visiteurs commencent à s'amplifier, nous redescendons à Aguas Calientes par où nous sommes venus. Nous arrivons en bas avec la pluie, affamés car nous avons fait l'impasse sur le petit déjeuner pour cause de tarifs trop élevés, et nous allons manger au marché où une señora souriante nous sert un bon almuerzo à un prix raisonnable. La fatigue commençant à se faire sentir, il commence à se faire tard et la pluie qui s'amplifie finit par achever notre motivation à refaire les dix kilomètres de voie ferrée à pied. Nous nous faisons tout d'abord jeter de la gare des locaux, qui est réservée aux locaux, et sommes obligés de prendre le train suivant, celui des touristes, qui part de la gare des touristes, pour rejoindre la centrale hydroélectrique. Nous montons ensuite dans un taxi collectif avec les deux seules autres personnes présentent dans le train, et arrivons à Santa Maria à peine cinq minutes avant le bus pour Cusco. Nous nous retrouvons à nouveau les seuls blancs, et nous asseyons au milieu d'une bande de gosses dont Raul, 12 ans, nous explique que lui et sa mère ramènent cinq grosses poches de feuilles de coca (non ce n'est pas de la drogue, à peine un stimulant à mâcher, l'équivalent du café occidental) à Cusco, et qu'ils dépassent largement la limite légale d'importation inter-région. En effet, Cusco étant situé trop haut en altitude, la coca n'y pousse pas et c'est un commerce assez florissant d'en ramener de la selva pour la revendre où il y a de la demande. Raul nous demandera donc de faire passeurs, puisque nous sommes blancs et que la police ne dérange pas les touristes, mais les poches faisant la taille de nos fromages locaux (qui nous manquent), nous ne prendrons pas le risque de nous faire attraper. Néanmoins, lorsque le bus s'arrêta pour laisser monter la police, nous nous étalons et faisons semblant de dormir avec Raul pour que celui-ci ne se fasse pas fouiller, et une fois les policiers repartis bredouilles il nous a semblé que tous les passagers du bus étaient particulièrement rieurs...
Nous arrivons finalement à Cusco de nuit, et réussissons à troquer notre poulailler pour une vraie chambre au même prix ! Au final, le transport aller-retour pour le Machu Picchu nous aura coûté un peu moins de 200 soles, soit environ 50€.