Après quelques jours seulement, nous nous sentons déjà tellement bien à Cochabamba qu'il nous est difficile de quitter la ville et nos amis. Nous finissons tout de même par prendre un bus de nuit en direction de Potosí, plus au sud. Il nous faudra cependant beaucoup plus de temps que prévu pour rallier notre but... Coincés par un énorme éboulis, nous passerons la nuit en pleine montagne, au milieu de dizaines d'autres bus et de camions. Au petit matin, après que notre chauffeur ait réussi à gagner du terrain, nous passons la zone du sinistre qui semble avoir été dégagée par les conducteurs de camions à l'aide de leurs véhicules, ceux-là mêmes qui encouragent notre franchissement perchés sur les gros rochers qui encombrent le passage.
L'avantage de cette mésaventure est que nous pouvons profiter des magnifiques paysages de l'altiplano de jour, vu que nous n'avons pu avancer que de quelques kilomètres durant la nuit. Nous traversons alors d'immenses étendues de steppe surplombées de majestueux volcans, où broutent des troupeaux de centaines de lamas... une véritable image de carte postale !
Avec plus de 10 heures de retard, nous parvenons enfin à Potosí, à 4100 mètres d'altitude. Officiellement considérée comme étant une des plus hautes villes du monde, Potosí est surtout connue pour son activité minière, qui a débuté avec la colonisation espagnole.
Le "Cerro Rico", ou montagne riche, renfermait alors de grandes quantités d'argent facilement exploitables. Les espagnols avaient déjà aménagé de nombreuses mines, exploitées par des indigènes ou des esclaves africains. Les chroniqueurs de l'époque estiment que plus de 8 millions de personnes ont perdu la vie dans les mines de Potosí durant la colonisation espagnole ! Aujourd'hui, les conditions de travail dans les mines du Cerro Rico n'ont pas beaucoup changé, les mineurs travaillent d'arrache-pied dans une chaleur étouffante, dans un air chargé de poussière, au fond de tunnels étroits et bas de plafond et ce pendant plus de 8 heures par jour ! Heureusement, plus de 80% des 160 mines sont actuellement gérées par des coopératives, où les mineurs sont propriétaires de leurs parcelles.
Le principal intérêt touristique et culturel de la ville est donc devenu la visite des mines, accompagné par l'une des nombreuses agences que l'on trouve en ville. Nous arrêtons notre choix sur une agence tenue par des anciens mineurs, qui ne propose pas la "visite aventure" qui comprend une explosion de dynamite, mais plutôt la possibilité de rencontrer les travailleurs qu'ils connaissent bien. C'est ainsi que le lendemain matin, on part avec sept autres touristes pour la mine. Après nous avoir fourni tout l'équipement du parfait petit mineur, on fait un arrêt au marché des mineurs pour y acheter des poches de feuilles de coca et des boissons, à distribuer au cours de nos rencontres. On passe ensuite à l'usine de traitement des minéraux, où on découvre comment sont transformées les roches brutes en minéral presque pur, et en particulier comment sont employés des produits chimiques assez dangereux et particulièrement nocifs, sans précaution particulière, et dont les déchets sont rejetés dans la rivière ou lavés par la pluie.
Puis on monte enfin au Cerro Rico, et on s'engage dans la mine del Rosario. On parcourt une grande distance dans un tunnel étroit, la plupart du temps pliés en deux, avant de s'engager plus profondément dans la montagne et de descendre dans des niveaux inférieurs. Depuis le temps que la mine est exploitée, il faut maintenant aller jusqu'au cœur de la montagne pour trouver des petits filons encore exploitables. Aujourd'hui, l'argent ne fait plus le bonheur mais ce sont essentiellement l'étain et le zinc qui sont extraits. Arrivés dans une petite cavité, on rencontre Don Julio, mineur de 43 ans qui travaille dans la mine depuis plus de 35 ans... Il paraît beaucoup plus vieux, et nous explique qu'il a sept enfants dont il refuse qu'ils viennent travailler dans la mine. Il dit lui-même que cette mine n'a plus d'avenir, et rêve d'envoyer ses enfants étudier en Argentine. On le laisse ensuite travailler, assis tout seul dans le noir et la poussière à trier des échantillons de roches à l'aide de son marteau et de sa petite lampe, et on continue de s'enfoncer dans cet enfer. On y rencontre donc logiquement un diable, appelé le tio Jorge. Sous l'apparence du diable, cette statue d'argile représente en fait la divinité locale, le propriétaire de la montagne et du minerai qui protège les mineurs et leur permet de découvrir de nouveaux filons à condition de lui laisser quelques offrandes. Plus loin, on rencontre plusieurs groupes de mineurs dont certains évacuent l'eau des dernières pluies, tandis que d'autres ouvrent de nouvelles galeries à l'aide de dynamite et évacuent les gravats par des wagonnets !
Il est difficile d'assister au spectacle des trois ou quatre personnes faisant péniblement avancer un chariot pesant 2 tonnes dans ces conditions extrêmes, mais eux nous rassurent en nous expliquant qu'ils trouvent que leurs conditions de travail s'améliorent, et qu'ils gagnent tout de même trois fois plus que le SMIC bolivien, qui est à 679 bolivianos par mois, soit moins de 70 euros. Ils profitent aussi d'avantages sociaux exceptionnels par rapport aux autres travailleurs, comme des assurances maladies et des pensions de retraite.
Il est temps de retourner à l'air libre, et alors que nous remontons les boyaux de la mine, le groupe est particulièrement silencieux et s'interroge sur ce qu'il vient de voir. Bien que les mineurs ne se plaignent jamais et semblent satisfaits des avantages qu'ils ont obtenu, est-ce que tout cela vaut bien la peine si c'est pour vivre 15 à 20 ans de moins que la durée de vie moyenne en Bolivie (qui s'élève à 65 ans) ? En tout cas, cette expérience donnera une autre valeur à beaucoup d'objets de notre vie quotidienne...
Avec plus de 10 heures de retard, nous parvenons enfin à Potosí, à 4100 mètres d'altitude. Officiellement considérée comme étant une des plus hautes villes du monde, Potosí est surtout connue pour son activité minière, qui a débuté avec la colonisation espagnole.
Le principal intérêt touristique et culturel de la ville est donc devenu la visite des mines, accompagné par l'une des nombreuses agences que l'on trouve en ville. Nous arrêtons notre choix sur une agence tenue par des anciens mineurs, qui ne propose pas la "visite aventure" qui comprend une explosion de dynamite, mais plutôt la possibilité de rencontrer les travailleurs qu'ils connaissent bien. C'est ainsi que le lendemain matin, on part avec sept autres touristes pour la mine. Après nous avoir fourni tout l'équipement du parfait petit mineur, on fait un arrêt au marché des mineurs pour y acheter des poches de feuilles de coca et des boissons, à distribuer au cours de nos rencontres. On passe ensuite à l'usine de traitement des minéraux, où on découvre comment sont transformées les roches brutes en minéral presque pur, et en particulier comment sont employés des produits chimiques assez dangereux et particulièrement nocifs, sans précaution particulière, et dont les déchets sont rejetés dans la rivière ou lavés par la pluie.
Puis on monte enfin au Cerro Rico, et on s'engage dans la mine del Rosario. On parcourt une grande distance dans un tunnel étroit, la plupart du temps pliés en deux, avant de s'engager plus profondément dans la montagne et de descendre dans des niveaux inférieurs. Depuis le temps que la mine est exploitée, il faut maintenant aller jusqu'au cœur de la montagne pour trouver des petits filons encore exploitables. Aujourd'hui, l'argent ne fait plus le bonheur mais ce sont essentiellement l'étain et le zinc qui sont extraits. Arrivés dans une petite cavité, on rencontre Don Julio, mineur de 43 ans qui travaille dans la mine depuis plus de 35 ans... Il paraît beaucoup plus vieux, et nous explique qu'il a sept enfants dont il refuse qu'ils viennent travailler dans la mine. Il dit lui-même que cette mine n'a plus d'avenir, et rêve d'envoyer ses enfants étudier en Argentine. On le laisse ensuite travailler, assis tout seul dans le noir et la poussière à trier des échantillons de roches à l'aide de son marteau et de sa petite lampe, et on continue de s'enfoncer dans cet enfer. On y rencontre donc logiquement un diable, appelé le tio Jorge. Sous l'apparence du diable, cette statue d'argile représente en fait la divinité locale, le propriétaire de la montagne et du minerai qui protège les mineurs et leur permet de découvrir de nouveaux filons à condition de lui laisser quelques offrandes. Plus loin, on rencontre plusieurs groupes de mineurs dont certains évacuent l'eau des dernières pluies, tandis que d'autres ouvrent de nouvelles galeries à l'aide de dynamite et évacuent les gravats par des wagonnets !
Il est temps de retourner à l'air libre, et alors que nous remontons les boyaux de la mine, le groupe est particulièrement silencieux et s'interroge sur ce qu'il vient de voir. Bien que les mineurs ne se plaignent jamais et semblent satisfaits des avantages qu'ils ont obtenu, est-ce que tout cela vaut bien la peine si c'est pour vivre 15 à 20 ans de moins que la durée de vie moyenne en Bolivie (qui s'élève à 65 ans) ? En tout cas, cette expérience donnera une autre valeur à beaucoup d'objets de notre vie quotidienne...
Effectivement ça fait réflechir!
RépondreSupprimerTrès interessant votre voyage dans le coeur de la terre. Maman Janny