Nous arrivons à El Chaltén, fatigués et affamés. La pluie tombe sans discontinuer depuis notre départ de Tres Lagos, et avec une violence telle que la conduite en a été éprouvante. Nous nous attablons donc rapidement dans l'une des seules auberges encore ouverte à cette époque de l'année, où nous aurons aussi la chance de pouvoir profiter d'une chambre pour la nuit. Et bien que la chambre laisse entrer la pluie et les courants d'air, après les quelques jours passés sur la 40 dans un confort plus que sommaire, un vrai lit et une douche chaude s'avèrent être un luxe extrême pour nous.
Le lendemain, la pluie tombe toujours, mais nous profitons tout de même de quelques accalmies pour visiter le village et ses proches alentours. Fondé en octobre 1985, dans le but d'assoir la suprématie argentine sur ces contrées lointaines proches de la frontière chilienne (Chili et Argentine ont encore régulièrement du mal à définir la position exacte de leur frontière commune!). Situé au cœur du "Parque Nacional de Los Glaciares", ce village qui compte environ 400 habitants en été vit essentiellement du tourisme et de l'escalade et est donc littéralement désert en hiver. El Chaltén attire des randonneurs du monde entier venus dans l'espoir de pouvoir admirer la vue impressionnante, bien que souvent bouchée par les nuages, du Fitz Roy -ou Chaltén- et du Cerro Torre. Chaltén est d'ailleurs un nom d'origine Tehuelche signifiant montagne qui fume... c'est dire si son sommet est souvent dans les nuages ! Le secteur est parfaitement balisé, de nombreux sentiers parcourent la nature sauvage environnante et les gardes du parc veillent bien à faire respecter les consignes en matière de protection environnementale.
Dans ce petit village du bout du monde, on ne trouve pas grand chose d'autre que des infrastructures touristiques et des magasins de location de matériel de grimpe, tous déjà fermés, ce qui nous laisse imaginer le monde qu'il doit y avoir par ici en pleine saison ! Alors certes, nous on a la pluie mais au moins c'est calme. Toutefois, cette eau qui tombe sans s'arrêter depuis des jours a aussi de nombreux inconvénients : elle transforme les sentiers en ruisseaux et, ajoutée au froid, au gel et au vent qui s'abattent sur la région, rend l'accès à certain sites quasiment impossible. Nous partons donc en reconnaissance, sous la pluie, vers le "Chorillo del Salto", une cascade située à quelques kilomètres seulement du village. Cette modeste promenade aura au moins le mérite de nous faire prendre l'air. Après tout, on est surtout venus ici pour marcher et profiter de la nature. Sur place, rien de bien excitant, il s'agit en fait d'une simple cascade comme on en voit un peu partout. Mais alors que l'on s'apprêtait à regretter notre escapade sous la pluie, nous vivrons une des plus émouvantes rencontres que l'on puisse faire dans le secteur.
Tandis qu'on essaye de s'approcher au plus près des chutes d'eau, des petits cris attirent notre attention. Dans notre dos, à quelques mètres de nous seulement, de l'autre côté du ruisseau, trois jeunes pumas perchés sur un rocher semblent appeller leur mère. Celle-ci n'est surement pas très loin de nous, mais avant même que l'on puisse s'en inquiéter, elle rejoint ses petits qui s'empressent alors de lui emboiter le pas pour mieux disparaître dans la végétation environnante. Après cette rencontre de quelques secondes, tous les doutes que l'on peut avoir quant à notre présence ici sont vite oubliés et nous rentrons au village émerveillés comme des gamins pourrait l'être au matin de noël !
Le jour suivant, le déluge s'arrête enfin mais les nuages sont toujours là, et on en viendrait presque à douter de l'existence du Fitz Roy dont on n'aperçoit même pas la silhouette. Nous décidons quand même de partir en balade. Nous choisissons une rando assez facile, sans trop de dénivelé histoire d'éviter les ennuis dus aux intempéries, et partons en direction du Cerro Torre et de la Laguna du même nom. Le chemin est magnifique bien que souvent transformé en torrent.
Nous profitons dès le départ du calme qui règne dans les forêts entourant El Chaltén, et notre expérience de la veille nous pousse à chercher partout les traces du puma qui, bien qu'il soit craintif et timide, partage son territoire avec les aventuriers de passage et n'hésite pas à montrer sa présence, que se soit par une crotte laissée en évidence au bord du sentier ou par une empreinte imprimée dans la boue.
Mais on ne peut être chanceux deux jours de suite et nous arrivons sur les berges de la laguna Torre sans recroiser son regard. Malgré le froid glacial qui sévit ici, nous profitons un long moment du spectacle du glacier qui descend dans la lagune, de nos premiers icebergs et des aiguilles de granite qui apparaissent et disparaissent au gré des nuages. Difficile de s'imaginer que derrière cette chaine de pics si particuliers, s'étend une véritable mer de glace dont est issu ce glacier.
En effet, sur ces territoires disputés par l'Argentine et le Chili, se trouve un plateau d'une altitude moyenne de 1500 mètres entièrement couvert de glace, "el Campo de Hielos Continentales Patagonicos", troisième plus grand champ de glace du monde après l'Antarctique et le Groënland. Mais le ciel s'assombrit vite et le temps étant vraiment imprévisible, il nous faut nous hâter un peu pour rentrer et c'est sous nos premiers flocons de l'hiver que nous rentrons à l'auberge.
Ce n'est qu'au matin du dernier jour que nous découvrons enfin ce qui fait la renommée de El Chaltén et motive tant d'alpinistes de part le monde. Le Fitz Roy, l'une des plus impressionnantes montagnes au monde, et sans doute aussi l'une des plus difficile à gravir. Du haut de ses 3405 mètres d'altitude, il domine toute la région. Conquis pour la première fois le 1er février 1952 par les alpinistes français Lionel Terray et Guido Magnone, ce pic aux parois extrèmement verticales se révèle donc enfin sous son plus beau jour, baigné dans les lueurs dorés du soleil levant et dans un ciel sans nuage.
Le spectacle est à la hauteur de sa réputation, tellement magnifique que nous ne pouvons en détourner nos yeux. Perchés sur une falaise qui domine la ville, nous observons le ballet des aigles et des condors qui jouent dans les ascendances, aux premières loges du spectacle. Impossible pour nous de voler, l'aérologie est bien trop instable pour les piètres oiseaux que nous sommes, mais nous envions ces rapaces qui jouent des heures durant dans ce cadre magique !
Le lendemain, la pluie tombe toujours, mais nous profitons tout de même de quelques accalmies pour visiter le village et ses proches alentours. Fondé en octobre 1985, dans le but d'assoir la suprématie argentine sur ces contrées lointaines proches de la frontière chilienne (Chili et Argentine ont encore régulièrement du mal à définir la position exacte de leur frontière commune!). Situé au cœur du "Parque Nacional de Los Glaciares", ce village qui compte environ 400 habitants en été vit essentiellement du tourisme et de l'escalade et est donc littéralement désert en hiver. El Chaltén attire des randonneurs du monde entier venus dans l'espoir de pouvoir admirer la vue impressionnante, bien que souvent bouchée par les nuages, du Fitz Roy -ou Chaltén- et du Cerro Torre. Chaltén est d'ailleurs un nom d'origine Tehuelche signifiant montagne qui fume... c'est dire si son sommet est souvent dans les nuages ! Le secteur est parfaitement balisé, de nombreux sentiers parcourent la nature sauvage environnante et les gardes du parc veillent bien à faire respecter les consignes en matière de protection environnementale.
Dans ce petit village du bout du monde, on ne trouve pas grand chose d'autre que des infrastructures touristiques et des magasins de location de matériel de grimpe, tous déjà fermés, ce qui nous laisse imaginer le monde qu'il doit y avoir par ici en pleine saison ! Alors certes, nous on a la pluie mais au moins c'est calme. Toutefois, cette eau qui tombe sans s'arrêter depuis des jours a aussi de nombreux inconvénients : elle transforme les sentiers en ruisseaux et, ajoutée au froid, au gel et au vent qui s'abattent sur la région, rend l'accès à certain sites quasiment impossible. Nous partons donc en reconnaissance, sous la pluie, vers le "Chorillo del Salto", une cascade située à quelques kilomètres seulement du village. Cette modeste promenade aura au moins le mérite de nous faire prendre l'air. Après tout, on est surtout venus ici pour marcher et profiter de la nature. Sur place, rien de bien excitant, il s'agit en fait d'une simple cascade comme on en voit un peu partout. Mais alors que l'on s'apprêtait à regretter notre escapade sous la pluie, nous vivrons une des plus émouvantes rencontres que l'on puisse faire dans le secteur.
Le jour suivant, le déluge s'arrête enfin mais les nuages sont toujours là, et on en viendrait presque à douter de l'existence du Fitz Roy dont on n'aperçoit même pas la silhouette. Nous décidons quand même de partir en balade. Nous choisissons une rando assez facile, sans trop de dénivelé histoire d'éviter les ennuis dus aux intempéries, et partons en direction du Cerro Torre et de la Laguna du même nom. Le chemin est magnifique bien que souvent transformé en torrent.
Mais on ne peut être chanceux deux jours de suite et nous arrivons sur les berges de la laguna Torre sans recroiser son regard. Malgré le froid glacial qui sévit ici, nous profitons un long moment du spectacle du glacier qui descend dans la lagune, de nos premiers icebergs et des aiguilles de granite qui apparaissent et disparaissent au gré des nuages. Difficile de s'imaginer que derrière cette chaine de pics si particuliers, s'étend une véritable mer de glace dont est issu ce glacier.
Ce n'est qu'au matin du dernier jour que nous découvrons enfin ce qui fait la renommée de El Chaltén et motive tant d'alpinistes de part le monde. Le Fitz Roy, l'une des plus impressionnantes montagnes au monde, et sans doute aussi l'une des plus difficile à gravir. Du haut de ses 3405 mètres d'altitude, il domine toute la région. Conquis pour la première fois le 1er février 1952 par les alpinistes français Lionel Terray et Guido Magnone, ce pic aux parois extrèmement verticales se révèle donc enfin sous son plus beau jour, baigné dans les lueurs dorés du soleil levant et dans un ciel sans nuage.
Félitations! Il faut du courage de continuer avec bon humeur dans des conditions météorologiques si mauvaises. Mais vos peines sont largement récompensés. Vous aurez un sac bien rempli de très bons souvenirs. je vous envie.
RépondreSupprimerMaman Janny