
Lorsque nous débarquons à Mar Del Plata au petit matin, le choc est violent. Après ces quelques semaines passées à vadrouiller sur les routes désertes de Patagonie, cette station balnéaire et son front de mer aux immenses buildings semblent tout droit sortis d'un cauchemar. Heureusement pour nous l'hiver arrive et il n'y a plus grand monde dans cette ville de plusieurs centaines de milliers d'habitants désertée par les touristes. Nous ne croisons que quelques retraités, seuls privilégiés à pouvoir profiter du redoux offert par l'automne sur les immenses plages de la côte Atlantique.

La baignade n'étant pas de saison, on les retrouve souvent s'adonnant à une espèce de pétanque locale, le tejo (très différent du tejo colombien), qui se joue non pas avec des boules mais avec des palets, mais qui n'en déchaîne pas moins les passions.
Étape essentielle avant d'affronter le tumulte de la capitale Argentine, Mar del Plata nous aura surtout permis de profiter tranquillement de ces quelques jours pour renouer avec la civilisation moderne. En effet, plus question ici de cuisiner au feu de bois ou de se laver à l'eau froide !

Puis nous embarquons pour Buenos Aires à bord d'un train, ce sera la dernière étape avant la fin du voyage. Un peu déboussolés à la descente du train, nous trouvons assez facilement où loger. Peut-être un peu trop facilement car cet endroit s’avérera être un des pires -si ce n'est le pire- hostal où nous avons séjourné durant ces quelques mois. L'avantage c'est qu'au moins ça nous pousse à sortir découvrir cette ville qui par ses accents si profondément européens nous rapproche déjà un peu de chez nous. Entre architecture moderne et coloniale, les grandes avenues de la ville ne sont pas sans rappeler celles du vieux continent et Buenos Aires est bien à la hauteur de sa réputation de "ville la plus européenne d'Amérique du Sud". Hormis les notes de tangos et l'accent bien particulier des Argentins, on pourrait presque se croire déjà de retour en Europe ! Mais elle est aussi profondément latine et sans doute l'une des plus cosmopolites du monde. Fondée il y a plus de 400 ans, Buenos Aires concentre la vie intellectuelle, économique et politique du pays. Ce petit bout d'Europe des Amériques bâti dans la pampa vide et plate conserve le charme d'une ville où le temps se serait arrêté aux années 60. Et bien que la crise ayant touché le pays au début des années 2000 soit encore bien présente dans les esprit (ou sur les murs recouverts de graffitis des banques-bunker du quartier financier), c'est aujourd'hui une ville où il fait plutôt bon vivre.
Nous découvrons donc au gré de nos balades les différents quartiers du centre historique de la ville. Nous parcourons d'abord les rues du quartier de Monserrat où se trouvent la plupart des édifices important de Buenos Aires,

notamment le palais présidentiel, la "Casa Rosada" qui doit son nom à sa couleur rose obtenue grâce à un mélange de chaux et de sang de bœuf. Les rues du quartier de San Telmo rappellent quant à elles la grande époque du colonialisme, ici les bâtiments ont été parfaitement préservés et les petites rues pittoresques sont encore recouvertes de pavés. On y découvre les nombreux cafés anciens ainsi les brocantes et magasins d'antiquités en tous genres qui font la renommée du quartier.
Le contraste avec le quartier adjacent de Puerto Madero, ancien port devenu obsolète et reconverti en quartier résidentiel très moderne, est saisissant. C'est là que se trouve l'un des plus grands espaces verts de la capitale : la "Reserva Ecológica de Buenos Aires". Située sur des terrains gagnés sur le río de la Plata dans les années 1970/80, en y déversant les gravats résultants des nombreuses démolitions ayant eu lieu dans la ville lors de la construction des autoroutes et avenues. Ce n'est pas un parc au sens strict du terme puisque qu'elle est à peine aménagée, mais la nature y a repris l'avantage sur l'homme en s'appropriant très rapidement ce lieu où l'on peut aujourd'hui observer de nombreuses espèces locales et migratoires alors même que l'on est au cœur d'une des plus grandes villes du continent.
En bons touristes, nous visitons enfin le quartier populaire de La Boca, rendu

célèbre grâce à son équipe de foot mondialement connue "el Club Atlético Boca Juniors" où à joué Diégo Maradonna. Mais n'étant pas de grands fans de foot, nous passons sur la visite de "la Bombonera" et nous orientons plutôt vers "El Caminito", haut lieu du tourisme à Buenos Aires. Les façades très colorées typiques du quartier ainsi que les nombreux danseurs de Tango venus se faire photographiés contre un pourboire valent le détour même si l'afflux de touristes et les commerçants insistants gâchent un peu l'image de carte postale et nous font douter de l'authenticité des lieux. Au détour d'une rue, alors que nous sortons des sentiers battus et nous éloignons un peu de la zone touristique, nos soupçons se confirment. Les habitants sont ici très chaleureux et l'ambiance est moins oppressante qu'autour d' el Caminito. Nous sommes super bien accueillis dans un petit bistrot de quartier où les habitués se surprennent à voir deux étrangers à leur table et nos échanges sont ici beaucoup plus sincères. Nous y découvrons enfin l'histoire tout à fait unique de ce quartier aux baraques de tôle très colorées.

Influencés par les œuvres de Benito Quinquela Martín, un peintre amoureux de son quartier, les habitants se sont mis à peindre leurs maisons avec des couleurs encore plus vives que celles que Quinquela utilisait dans ses toiles. En réponse, l'artiste se met alors à décorer les rues de La Boca notamment el Caminito, de fresques et de sculptures. Le résultats de ces échanges donne aujourd'hui ces décors surprenants qui rendent hommage à Maradonna ou Carlos Gardel mais surtout à la vie populaire du quartier.
Bien que l'on finisse par se sentir bien dans cette ville, Buenos Aires n'est pas notre maison et, après une semaine passée à arpenter les rues de la capitale argentine, il est enfin temps pour nous de remballer toutes nos affaires dans nos grands sacs postaux et de repartir pour la France où nous attendent familles et amis. Et bien que nous ayons hâte de les retrouver, c'est avec un gros pincement au cœur que nous montons dans l'avion qui nous emmène loin de l'Amérique du Sud et qui marque la fin de cette aventure.
Ai, ai, ai. Ca fait un peu mal de réaliser que le voyage est terminé. Fini les beaux reportages, les belles photos. Mais votre histoire m'a beaucoup fait rêver. Merci pour m'avoir permis de participer à cet aventure devant mon ordi. Je vous aime, Maman Janny
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